DAVID VINCENT

L'ovni musical qui atterrit dans un halo rougeoyant d'énergie

“David Vincent les a vus. Il les a vus car ses membres étaient nés, à cet autre siècle où les Pixies ont sorti Doolittle ; chacun d'entre eux se souvient précisément de ce à quoi il était occupé lorsqu'on annonça la mort de Kurt Cobain à la radio.”

UNE GÉNÉRATION IMPOSSIBLE

Comment peut-on encore craindre la fin d'un siècle, le XXème siècle, qui est déjà advenue ? Névrose des XY auxquels l'injonction d'avoir à changer la vie n'en finit pas de les torturer.

C'est de ce mal que se nourrit l'œuvre de David Vincent qui, à l'instar du protagoniste de la série éponyme, livre une bataille contre un ennemi aux multiples visages dans une guerre perdue d'avance.

Narcissisme, frustration, désir. Soumission, dépression, déliquescence. La musique de David Vincent est paradoxale. Elle recèle en elle toutes les contradictions de cette génération impossible, celle qui a commencé au vinyle et se noie dans les algorithmes.

ROCK HYBRIDE

Rock hybride, teinté de noise, de cold wave et d'indus, où l'organique confronte le synthétique, dans lequel le viscéral s'arme d'électro, la fuzz toise la boîte à rythme, pour sonner comme un acte de résistance et de foi inextinguible en avenir déjà échu.

Délibérément brute, et tout à la fois complexe, l'écriture musicale, fulgurante mais maîtrisée, révèle l'étendue et la richesse des amours musicales qui portent les deux partenaires de David Vincent.

LES COMPOSITIONS

LA VILLE

Un hymne, voire une messe à la ville et à sa duplicité, à son inquiétante étrangeté, qui nous lie comme nous éloigne. Morceau cathédrale - quelques notes d'orgue comme un épilogue fugace - la chaleur de la voix, les mots réconfortants, tranchent avec l'instrumental et sa froideur binaire toute métallique.

LA VIE ME VA

Contraste tant elle est, sur le plan instrumental, chaude et palpitante. On y parle de renoncement, de concession mais jamais de compromission. Comme une litanie, au nom du corps, la vie.

THE SWEET CHILD

Aux relents noise, s'appuyant sur la progressivité de la structure musicale, met l'auditeur sous la pression de la distorsion et des percussions jusqu'à ce que la tension dramatique atteigne son paroxysme. Le morceau se mue alors en une complainte qui, grâce au velours de la voix, vous caresse jusqu'à ce que batterie et guitare vous piquent à nouveau dans l'échine par surprise. C'est assurément un morceau maîtrisé et les arrangements lui confèrent épaisseur et texture.

THE STORM

Un morceau en deux actes qui dure... Ces morceaux plus longs sont de véritables narratifs musicaux, à la dramaturgie assumée, contrastant avec les deux premiers morceaux plutôt courts en langue française, conçus pour atteindre immédiatement leur cible dans un format « chanson » familier.

LA FORMATION

David Vincent est un groupe originaire d'Arles. Le duo qualifie sa musique de rock, au sens très large du terme, il peut aller d'un titre 100% électronique à un titre complètement instrumental, chanter en anglais comme en français. David est au chant, Vincent aux instruments. Les textes de David viennent donner un sens, une direction aux compositions de Vincent, et inversement.

Ce projet réunissant ces deux amis de 20 ans a commencé de manière épistolaire, pour prendre forme en 2024, et se concrétiser par quelques concerts dans la région arlésienne et la mise en ligne de vidéos sur YouTube.

Sur plateau, ils proposent deux formats différents. Les rejoignent un batteur et un bassiste, tandis que David et Vincent jouent de la guitare. Au chant, David, accompagné du chœur des musiciens. Les morceaux prennent alors une envergure pleinement rock, puissant et le plaisir de leurs comparses d'un soir révèle la générosité d'un duo qui sait ce qu'est un collectif.

Le groupe propose également un format plus resserré, sous forme de performance où la machine supplée l'humain voire le dépasse grâce aux dons de sorciers de Vincent. Ce format ne perd pas en puissance ce qu'il gagne en sincérité, véritable miroir où se révèlent pleinement les personnalités si différentes mais complémentaires de ces deux artistes.

TEXTES & LANGUE

Les textes sont à l'image de cette quête perpétuelle d'identité qui est l'essence même du groupe. La langue y varie, d'une soif de reconnaissance au parler universel (The Storm, The Sweet Child) à l'invitation à l'intime dans un français maternel (La vie me va, La ville).

La langue y oscille entre pure poésie et refrains au gimmick entêtant. La langue y tangue entre scansion, supplication et envolées lyriques, démontrant la richesse vocale et la maturité technique du chant.

Les thèmes abordés par David Vincent sont multiples, du macro (La Ville) au micro (La Vie), mais l'atmosphère demeure toujours sombre, bien souvent mélancolique (Storm part. 2) voire cynique (The Sweet Child). Pourtant, malgré une forme de renoncement, David Vincent, comme bien souvent les écorchés, n'abdiquent jamais.

INFLUENCES

Si les deux compères ont un panthéon commun et partagent un amour excessif des Beatles, David Bowie, Pink Floyd, Pixies, Radiohead, PJ Harvey, Interpol, Ghinzu, Rage Against the Machine, Fontaines DC, IDLES ou encore NTM, leurs influences personnelles divergent.

David a été bercé par la chanson française. Grand fan de la scène bordelaise des années 90, il écoute toujours et encore beaucoup d'auteurs français du siècle dernier (Serge Gainsbourg, Jacques Brel, Barbara, Léo Ferré, Georges Brassens, Alain Bashung) comme contemporains (Dominique A., Les Rita Mitsouko, Feu ! Chatterton, Bertrand Belin, Philippe Katerine, Fishbach, Mademoiselle K.). Les stars des années 60 à 80 ont toujours leur place dans sa playlist (Led Zeppelin, Jimi Hendrix, Elvis Presley, Sly Stone, The Doors ou encore Madonna).

Vincent voue un culte démesuré à Muse, talonné par The Strokes et s'est nourri des sons les plus divers allant de Sade, Assassin, 113, Deftones, The Chemical Brothers, System of a Down, Blur ou encore Korn, Tool, Poutre.

L'HÉRITAGE

David Vincent. Ou plutôt David, Vincent sans David. On ne peut passer sous silence l'antériorité de leur collaboration musicale. David et Vincent ont déjà joué ensemble, dans le cadre d'une précédente formation.

David au chant et à la guitare, Vincent à la batterie et un autre David - celui qui n'est plus - mais dont la passion pour la musique demeure bien vivante pour couler encore dans les veines des membres de feu Cara Mia.

L'ESPOIR MALGRÉ TOUT

Le projet porté par le groupe touche au cœur et, même si ce n'était pas l'intention première, sourd une forme d'espoir voire de joie qui se répand insensiblement chez son auditeur.

Si les médias des années 60 ont tenté de mettre à jour, derrière chacun des envahisseurs, les tourments d'une Amérique paranoïaque, David Vincent pourchasse, lui aussi, ses démons comme ceux de son époque à coup de loop entêtant, et mène une croisade dans chaque arpège, dans chaque envolée, dans chaque climax épique.

Les retours positifs sur le projet David Vincent ont accéléré les choses, des dates moins confidentielles commencent à tomber, le groupe est enfin prêt et décidé à monter sur scène, dans un halo rougeoyant d'énergie où atterrira enfin leur ovni musical.

“Au fond, David Vincent démontre que, derrière chaque bonhomme dramatiquement banal, peut se cacher un envahisseur qui vous joue une musique vous essorant le cœur et corrompant votre âme et l'on ne sait pas bien, à la fin, si David Vincent est là pour nous sauver ou nous soumettre...”